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Le projet urbain comme catalyseur de l'identité

 

«The condition of being one thing and not another»

- Amos Rappoport

 

«Identities are never fixed, natural, nor homogenous. Not only are they socially

constructed, they are also constantly contested, reworked, and reinvented »

- Anne-Marie Broudehous

 

L'IDENTITÉ URBAINE

Le sociologue français Jean-William Lapierre et l'architecte Amos Rapoport s'entendent pour dire que chaque culture, chaque groupe, possède un noyau dur qui porte les permanences intemporelles de son identité. L'identité collective se forme d'images communes unissant le groupe ;  il se les remémore, commémore, interprète et réinterprète. Ces deux experts affirment que l'identité collective est tout de même en constante évolution. La périphérie de son noyau est instable, hétérogène et en constante redéfinition puisqu'on y retrouve les valeurs changeantes qui s'additionnent selon l'environnement, les évènements, l'histoire, etc. Lapierre ajoute que la différence entre les communautés est aussi un constituant de son identité. À cette idée d'identité collective, Augustin Berque, Luc Noppen et Lucie K. Morrisset joignent le concept de paysage qui la conditionne également. L'interrelation entre l'individu et son environnement influe les représentations qu'il se fait de son passé, de son présent et de son avenir. En milieu urbain, le cadre bâti est donc un producteur de l'identité qu'on nommera l'identité urbaine. Trois types d'images de la ville sont possibles : architecturale, mentale et picturale créées respectivement par ceux qui la planifient, la vivent et l'interprètent. (Morisset, 1999)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

POUR ET PAR LA POPULATION

Les auteurs du document Villes en crise? permettent de comprendre quels sont les facteurs urbains d'une perte d'identité. Bien qu'il n'y ait pas une méthode universelle pour bâtir un projet urbain, la corrélation entre le sentiment d'appartenance et la participation à un projet est élevée. Concevoir pour la population permet de redonner l'espace à la communauté. Les auteurs identifient la perte d'éléments physiques symboliques à cause de la pathologie urbaine. Ils confirment qu'il faut retrouver des éléments d'identification dans les projets d'aménagement et d'architecture. Une crise identitaire peut être causée par plusieurs facteurs ; la pathologie urbaine est souvent causée par le manque d'espaces publics identifiés. La ville n'est plus en mesure de répondre à sa fonction sociale. Puisque les espaces publics sont des lieux d'échanges, l'aménagement d'un grand nombre d'espaces publics collectifs augmente la solidarité de la communauté. Le sentiment d'insécurité des habitants est un des facteurs principaux d'une pathologie urbaine puisqu'il diminue l'appropriation de l'espace public. En augmentant la sécurité dans la ville, on consolide le sentiment d'appartenance. De plus, la conservation de logements abordables en empêchant la gentrification permet de ne pas accentuer ce sentiment d'insécurité causé par les inégalités sociales. La perte des activités culturelles et artistiques entraine une diminution des médias, du partage d'information et donc de l’éducation. Des lieux accordés à la culture et une importance donnée à l'éducation permettent de préserver - et de rebâtir - l'identité.

 

 

LA SINGULARISATION DE LA VILLE

Aujourd'hui, l'étendue des réseaux par les technologies d'information a modifié le concept d'identité urbaine puisqu'elle est venue élargir le système de référence. En voyant ce qu'il se fait ailleurs, on ne s'arrête plus à se bâtir une identité locale: la quête identitaire passe par la singularisation. La visibilité à l'international se fait, entre autres, par le biais de projets d'architecture et d'aménagements urbains. La quête d'identité s’illustre par la création d'une image propre à promouvoir à l'international. (Morisset, 1999)

 

 

[1] La ville en projets: « ensemble de projets sous forme de documents qui expriment la pensée architecturale et urbanistique pour la ville.» (Latek, 1992)

LE PROJET URBAIN 

Noppen différencie l'identité urbaine formée par le paysage construit, matériel, de celle formée par le paysage idéel, abstrait. Le paysage idéel est l'immatériel représentant la ville. L'itération entre construit et idéel alimente l'interaction entre la société et son paysage urbain. Le projet urbain est donc vu comme un catalyseur et un constituant de l'identité urbaine. Il permet, par les discussions qu'il suscite, une mise à jour de l'image identitaire de la ville. Cette image viendra s'ajouter à l'identité collective. Un guide dont l'image est forte est porteur de nouveaux projets. Ainsi, «la ville en projets»[1] est loin d'être passive, elle est moteur de changements. (Latek, 1992) Les images sont conçues selon les perceptions d'individus et vont influer sur la façon de vivre et de construire ; le projet transmis à la population fera alors partie de l'identité collective.

En somme, en situation de crise identitaire, la périphérie du noyau des «valeurs» est instable. Par le projet urbain, on vient rajouter une strate sur le paysage idéel qui vient contribuer à raviver l'identité.

Par les auteurs (2015)

Par les auteurs (2015)

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